Le pourquoi du comment

Mémoires d'une jeunesse trop souvent oubliée !
Comprendre cette décade ne passe pas en premier lieu par les journaux, trop souvent mensongés ou trop selectifs, mais bien par les acteurs épargnés injustement.
Loin de moi l'idée de vouloir me montrer comme pourfendeur de quelque cause que ce soit: je souhaite vous donner à lire des témoignages vrais, parfois touchant de sexagénaires ou septuagénaires encore jeunes et fringants.

mardi 11 mars 2014

Questions de générations - Part IV: Dany

PRENOM: Dany
Date de naissance: 1951
Lieu de naissance: Chevinay (département 69 - 25km de Lyon)
Etudes: Institutrices
  1. QUEL ENFANT/ADO/JEUNE ADULTE ETIEZ-VOUS ?
    Mes études sont un tout petit peu « chaotiques » : je passe le bac dans une école privée que j'ai fréquentée depuis la sixième. J'ai connu mon mari à la sortie du lycée, alors que j'étais inscrite en fac de Lettres. Je m'en vais avec lui dans le Poitou (puisqu'il était poitevin) et je ne m'inscris pas à la fac de Poitiers. Donc je cherche du travail aussitôt et on m'accepte comme professeur de collège dans une école privée, sans diplôme. J'arrête le travail après la naissance de mes deux premiers enfants, ils ont un an d'intervalle. Je reprends plusieurs petits boulots, et après avoir été licenciée d'un travail de secrétaire comptable, je décide de reprendre des études d'institutrice : de 38 à 40 ans, je repasse le concours de l'école normale et je sors première de ma promotion, alors que je n'avais pas de Deug, ni de Licence ;on m'a dit quelquefois « écoutes, tu es une femme, tu as eu le droit de passer le concours parce que tu as trois enfants, mais sous entendu c'est très injuste ! » C'était ma petite revanche, à la fois sur certaines collègues et sur moi-même surtout De pouvoir reprendre des études, c'était une excitation intellectuelle ; il y a quelque chose de jubilatoire. Depuis quatre ans, j'assiste à des cours à la fac des Sciences Humaines et Arts de la ville de Poitiers, parce que j'en ressentais le besoin : j'ai un esprit curieux, l'histoire de l'art est ma passion depuis mon enfance. Mais sans doute aussi, parce que je ne suis pas allée à la fac à l'âge où j'aurais du y aller. C'est un challenge et en même temps je me fais plaisir.
Les sixties !Pour moi , j'ai entre neuf ans et dix-neuf ans : ce sont les années les plus marquantes d'une vie. J'étais quelqu'un de très ouverte et surtout très physique : il fallait que je prouve avec mon corps. Je crois que mon père aurait aimé que je sois un garçon. Dès la sixième, j'ai été admise en pension à Lyon avec déjà l'idée d'être institutrice. L'enseignement qu'on me proposait était intéressant : on nous a initié à l'art, à la danse... à des choses déjà péri-scolaires. Je suis une mauvaise élève en collège, trop préoccupée par ma rébellion je pense. J'étais heureuse d'être séparée de mes parents, d'une famille de cinq enfants. Mais je pense que j'en ai fait voir aux professeurs. A partir de la seconde (littéraire), j'ai adoré les études! J'étais dans mon élément. Puis 1968 passe par là, nous donne plus de liberté, même au sein de la pension où je n'ai plus d'étude surveillée par exemple, on me donne une chambre individuelle alors qu'avant nous étions toutes en dortoir... Tout cela a compté dans mon épanouissement.
  1. QUEL(S) PROJET(S) AVIEZ-VOUS EN TETE ?
    J'avais un imaginaire très développé. Avec mes amis, on se lançait dans des projets inattendus: à quatorze ans, nous sommes parties faire de la marche, dans le Massif du Pilat, , dans le massif du Mont-Blanc, seules, c'est-à-dire sans parents pour nous surveiller. Un adulte était tout de même avec nous. Rien ne me faisait peur physiquement. J'ai beaucoup changé (rires).

1966-1967 – en randonnée (pull clair)

Le projet auquel j'ai tenu et qui a changé ma vie, à été en seconde, lorsque l'abbé Pierre, originaire du lyonnais, avait lancé des camps internationaux.. Ils sont venus vers nous, l'abbé Pierre et ses compagnons, et avec plusieurs amis nous avons eu l'opportunité de nous engager pour l'été suivant. Dès l'âge de seize ans, j'ai fait des camps internationaux, ce qui m'a donné l'occasion de m'ouvrir. Le premier camp se déroulait dans le sud-ouest de la France, le second au Danemark,.. J'ai rencontré des jeunes étudiants surtout. Je faisais partie des plus jeunes : les camps étaient autorisés à partir de dix-huit ans, mais on laissait passer. Notre mission était la même que les chiffonniers, à savoir de récupérer dans les greniers et les caves ce que les gens avaient envie de se débarrasser.
1969 - Dany dans une montagne de chiffons au Danemark
  1. QUESTION SENTIMENTALE :
Lors d'un de ces camps, j'ai rencontré mon mari. C'était comme une sorte de point d'orgue à cette belle aventure qu'était Emmaüs. C'était une découverte d'adolescence qui s'est terminé par l'amour. C'est fabuleux ! (rires).

Je suis une amoureuse : je crois que j'ai toujours eu besoin d'avoir un homme dans la tête (rires). Lorsque j'ai fait mon premier camp Emmaüs dans le sud-ouest de la France, j'ai rencontré un jeune homme mais plus âgé que moi (sept ans), belge, instituteur. Je le retrouvais au fur et à mesure des camps. Il m'apportait une vision du monde adulte, il m'a fait grandir : lui était instituteur depuis plusieurs années, il avait plein d'amis en sociologie, certains étaient maoïstes, trotskistes... et je pense que j'ai été éveillée à la politique grâce à ces gens. En plus il y avait beaucoup d'italiens dans les camps, qui étaient des gens de gauche affirmé : je me souviens qu'avec mon mari, nous ne sommes pas partis en voyage de noce, mais nous avons été responsables d'un camp à Oyonnax (Ain) un été. C'était notre façon de donner du temps aux autres. Il y avait un italien excessivement rebelle, et cet homme nous a dit « mais pourquoi vous êtes marié ? C'est une valeur complètement démodé.» Et avec Jacques, mon mari, nous lui avons répondu que malgré nos valeurs de gauche, nous défendions la valeur de l'amour de cette façon !
1969 - Dany et son premier amour
Ma mère était quelqu'un de très prude et retenue. Je me revois toutefois dans la cuisine, en petit talon (qui devait appartenir à une de mes grandes sœurs). Elle m'a alors parlée des règles, une preuve de notre féminité . Je devais avoir neuf dix ans. Je lui suis reconnaissante de m'en avoir parler avec douceur car je pense qu'un grand nombre de femmes n'ont pas été averties de cette façon là.
  1. QUEL REGARD PORTIEZ-VOUS SUR VOS AIEUX ?
Très étrangement, c'est un regard assez lointain. D'abord, parce que je les ai très peu connus. Ils vivaient au Puy-en-Velay, à 150km de là où nous habitions. Mais surtout parce qu'ils sont décédés lorsque j'étais très jeune. Cette relation avec les personnes âgées m'a manquée. Du coup, lorsque j'ai été jeune femme, j'ai fait la connaissance des mamans de mes amis, et cela a été une vraie découverte c'était bien , c'était doux ,(rires). Mes aïeux n'ont pas beaucoup compté lorsque j'étais jeune adulte. Évidemment, quand on prend de l'âge, on recherche ses racines : je découvre que j'avais un grand-père qui avait plein d'humour, alors que je pensais qu'il avait été un homme autoritaire comme mon père, que j'ai vraiment beaucoup aimé ; mais c'était le chef de famille, de tribu, typique du milieu agricole. Mon père ressemblait à Jean Gabin physiquement un homme qui avait beaucoup de charme et de présence .
  1. VOTRE PIRE/MEILLEUR SOUVENIR
Lorsque j'étais en pension, qui était une école normale libre, dès la sixième, notre professeur d'Arts plastiques nous emmenait le jeudi après-midi au musée Saint-Pierre (Beaux-Arts) à Lyon. J'ai assisté à une visite commentée avec une femme qui nous a décrit un tableau d' Edgar Degas (1834-1917) , Le café-concert des Ambassadeurs (1876-1877, Pastel sur monotype de 36x28cm, Lyon), que je revois très bien. Je me suis dit que c'était l'un des moments les plus fondateurs et les plus forts au niveau de mes appétits artistiques, c'est-à-dire avoir un éclairage, une idée, et par la suite n'avoir qu'une envie, retourner voir ce tableau pour retrouver peut-être cette première émotion.
 
  1. AVIEZ-VOUS DE L'ARGENT DE POCHE ?
J'ai eu la chance d'avoir de l'argent de poche parce que mon père était agriculteur, et il vendait beaucoup de fruits, notamment des cerises, des cassis et des groseilles. Très jeunes, avec ma sœur, nous ramassions les cassis et on les vendait. Ce qui fait que cela constituait notre argent de poche pour l'année . Et sincèrement, on se sentait très gâtées par rapport aux autres jeunes qui avaient généralement moins d'argent que nous. Je n'ai jamais manqué de rien. Et avec cet argent, je m'achetais des disques de Pete Seeger de Bob Dylan, des bouquins ; lorsque nous avions notre jeudi après-midi, j'allais à la librairie Flammarion, 19 place Bellecour (Lyon), pour découvrir des livres, en feuilleter , en acheter parfois . Un livre acheté qui m'est cher : les lettres à son frère Théo de Van Gogh . J'achetais aussi des cigarettes (rires)
  1. AVIEZ-VOUS DES LOISIRS ?
Lorsque j'étais en pension, de la sixième à la Terminale, on devait passer notre temps libre à nous occuper : il y avait un gymnase, un terrain de basket... Je me rappelle avoir été capitaine de l'équipe de basket. Je faisais du ski aux vacances de pâques et de février en général. J'adorais l'athlétisme, le saut en hauteur (rires) : avec une de mes amies, on s'entraînait toutes les deux. Je me rappelle avoir acheter un fil rouge élastique que j'ai installé chez moi entre deux piquets, et mon père m'avait installé un sautoir avec du sable pour la réception !(rires).
  1. AVEZ-VOUS GARDE DES EFFETS PERSONNELS DE CES ANNEES ? S'IL NE FALLAIT EN GARDER QU'UN, LEQUEL ?
Pratiquement pas et c'est mon plus grand regret. Bizarrement, lorsque je suis partie de la maison de mes parents, je n'avais pas emmené toutes mes affaires. L'idée n'était pas de prendre toutes ces affaires au départ. Il y avait de la place chez eux. Toujours est-il que j'ai récupéré des choses plus tard, mais ma mère avait mis beaucoup de choses à la poubelle en particulier ma correspondance. C'est quelque chose qui est encore là... J'ai gardé un gaffiot (dictionnaire), quelques souvenirs de voyages (des carnets).
 
   9. UNE HISTOIRE INSOLITE ?
Dany la fleur à l'oreille
En 1966, la fleur à l'oreille, j'ai fait un camp Emmaüs dans le sud-ouest de la France. Et il y avait un certain Antonio. Nous sommes allé à Lourdes, je ne sais plus pourquoi, et Antonio et un de ses amis jouaient de la guitare, nous étions quelque peu en décalage avec le milieu environnant !. On portait des vêtements avec de la fourrure, pas très esthétique, mais c'était le look de l'époque. . A seize ans, j'ai trouvé ça très audacieux. Quant à Antonio, il avait de la suite dans les idées : il est venu un jour à la maison, l'été suivant ;

Je revois toujours là tête de mon père qui voit arriver ce garçon avec la guitare en bandoulière , les cheveux longs ,coiffés d'un grand feutre noir et qui venait me voir pour nous demander l'hospitalité. « Mais il n'en est pas question ! Ma fille est beaucoup trop jeune » (rires). Mon père avait tout de même eu la gentillesse de lui trouver du travail dans le Beaujolais. Du reste, ça m'avait plu ; c'est peut-être mon côté fleur bleue.
1968 – Emmaüs Lourdes (deuxième en partant de la droite)
  1. UN FAIT MARQUANT A GARDER SELON VOUS ?
L'année 1968. Au lycée, on n'avait presque pas eu de grève contrairement à l'enseignement public, et ça c'était douloureux (rires). Je me souviens de mon père venant nous chercher à la sortie au moment où les cars ne circulaient pas, parce qu'il n'y avait plus d'essence. On faisait du covoiturage.

Le plus marquant par rapport à mai 68, c'est l'absence d'études. Ce fut le grand changement, un grand vent de liberté qui soufflait. C'est peu bien sûr comparé à ce qui se passait !
  1. ETIEZ-VOUS IMPLIQUEE AUX QUESTIONS SOCIALES DE L'EPOQUE ?
Mon engagement, c'était Emmaüs. C'est un engagement social puisque l'on défendait des idées de partage. Dans ces camps on vivait en dortoir, on partageait des repas bien sûr à des heures imposées: la vie en communauté dans les camps était basée sur des règles. On ne devait pas parler de son passé, c'était quelque chose que l'on n'arrivait pas à faire ; les périodes douloureuses de notre vie, on n'en était pas là. En tant que scolaire, ou scolaire le passé n'était pas un problème contrairement aux vrais chiffonniers .

Nous n'étions pas conscient de ce qui c'était passé durant la seconde guerre mondiale. C'est un pan de l'histoire que je n'ai pas bien découvert. Mon père a pourtant fait la guerre, mais je crois que j'en ai pris conscience bien plus tard. J'avais un problème avec l'histoire : ce n'était pas une matière qui me passionnait . Je préférais la géographie, la philosophie, le français.

La guerre d'Algérie a compté durant mon adolescence. Mon frère, Jean-Paul, qui avait neuf ans de plus que moi, s'est trouvé en Algérie alors que j'étais en sixième. Je n'ai reçu qu'une carte pendant qu'il était parti mais quelle importance elle a eu !. Il a fait deux ans de service, ce qui est bien assez ! Dans mon souvenir , Il en a beaucoup souffert à son retour.
  1. QU'EST-CE QUI EST NOVATEUR A L'EPOQUE 
C'est marrant, j'ai du mal à répondre (rires). La chanson est ce qui me vient à l'idée puisque j'ai aimé écouter le folk : Léonard Cohen, Bob Dylan, Donovan, Cat Stevens. C'est toute une bande de chanteurs qui étaient dans la contestation. Et cela marque toute mon adolescence : le fait de protester contre les acquis. Mais je crois que c'est vrai pour toute adolescence, non ?. On passe d'une société très lissée à des années « folles », comme si les vêtements trop étroits , craquaient.
  1. AVIEZ-VOUS SUIVI LES MODES OU ETIEZ-VOUS INDEPENDANTE ?
Oh la la oui : la mode hippie avec les jeans troués, la petite veste en lapin coupé ras les manches...

J'ai commencé à enseigner, j'avais vingt ans. Et c'était encore l'époque de la mini-jupe et des maxi bottes. J'ai retrouvé une photo où je portais une mini-robe. Il n'y a pas si longtemps, j'ai retrouvé une collègue qui me disait : « Dany, tu ne te souviens pas que tu faisais l'école en mini-robe? ». Cela me paraît assez osé aujourd'hui (rires). Je me souviens aussi d'un mariage, Je devais avoir quatorze-quinze ans, où je portais un mini-short avec une petite tunique jaune assortie qui était carrément osée je trouve aujourd'hui , et je suis allée à l'église ainsi. Mais à l'âge que j'avais, et vu ma personnalité, c'était « normal »

C'est difficile de résister aux modes. Et puis, pourquoi résister ?
Jacques Dutronc – mini mini (1967)
 
14. AVIEZ-VOUS LA TELEVISION ?
SI OUI, QUE REGARDIEZ-VOUS ?
Mes parents ont eu la télévision, j'avais treize ans . (1964). C'était l'année des Jeux Olympiques d'été et lorsque nous avons allumé la télé pour la première fois c'était une épreuve de natation. . J'ai suivi avec excitation aussi les Jo d'hiver avec Killy, Périllat et les soeurs Goitschel C'était un modèle pour moi. Comme ayant un tempérament un peu passionné, je m'enthousiasmais pour des gens qui avaient des médailles d'or, qui prouvaient quelque chose avec le corps. C'était beau.
Tout les épisodes de la série: http://www.ina.fr/emissions/belphegor/
On allait aussi voir la télévision chez les voisins. Et je me souviens de Belphégor, le feuilleton avec Juliette Gréco ; un téléfilm de Claude Santelli, dont j'ai adoré le roman, qui s'appelle Sarn de Mary Webb. Cela se situe à la fin du XIXe siècle anglais, un roman proche de Jane Eyre, c'est l'histoire d'une jeune femme qui a un bec de lièvre, qui apparaît le soir dans la nuit brumeuse, et un homme tombe amoureux de sa silhouette . Ce téléfilm en noir et blanc, je me rappelle avoir fait 20km pour aller le voir chez une amie (rires). Ça donnait l'occasion de se retrouver, ce qui n'était pas désagréable ; il y avait un côté veillée.
 
15. QUELLE(S) CHANSON(S) VOUS VIEN(NEN)T EN TETE A L'EVOCATION DE CES ANNEES-LA ? POURQUOI ?
Dylan – The times they are a changin' (1964)
C'est la chanson qui représente, pour moi, le plus les années 1960. Les chansons de Cohen aussi :
Suzanne (1967)
Françoise Hardy – Tous les garçons et les filles (1965)
En sixième, c'était Adamo à fond et plus tard j'ai bien aimé Inch'allah (1967) (rires). Je me suis rendue compte que j'avais beaucoup de 45 tours d'Adamo.
  16. A CONSEILLER
LIVRE(S):

Jean-François Steiner, Treblinka (1966)

Georges Bernanos, Mouchette (1922)

UN FILM: 

Robert Bresson, Mouchette (1967) : c'est un film idéal quand on a besoin d'être dans le sombre (rires)

UNE PERSONNALITE:
L'abbé Pierre est l'homme qui a le plus compté pour moi. Mais je rajouterai Lanza del Vasto (1901-1981), un homme militant pour la paix, artiste, philosophe et poète. Ce mouvement pacifiste fut aussi très important, avec Martin Luther King, Gandhi, Jean Vannier (1928-philosophe, fondateur de l'Arche en France).
  1. AVANTAGE(S)/INCONVENIENT(S)
Avec mon regard d'aujourd'hui, je dirais que cette période fut merveilleuse pour l'expression personnelle, l'expression de l'individu et de chaque être ; plein de libertés ont été données, sexuelles notamment. Mais la peur de la relation, c'était l'enfant.
1968 – Emmaüs Lourdes (Luis, Antonio, Anne-Marie, Michel)
Cette liberté a aussi son pendant négatif : c'est-à-dire que les gens ont un peu perdu une vision politique collective. Ils ont été plus tournés vers eux, vers l'individu. Ces années ont laissé la place grande à l'individu mais cela peut avoir des dérives. Les gens s'engagent de moins en moins, ne croient plus en la politique, et ne trouvent pas des raisons de croire en un monde meilleur !
  1. AVEC LE RECUL, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR CES ANNEES ?
Beaucoup d'affection, de nostalgie, mais pas de mélancolie. Après ce que je viens de vous évoquer ici, je me rends compte que j'étais en devenir. Le présent aujourd'hui , pour moi, est bon. J'accepte mon âge, je suis heureuse d'avoir des enfants, des petits-enfants, un homme qui m'aime et que j'aime Peut-être qu'il y a des illusions qui sont tombées.
1970 – Dany guitare
  1. UN CONSEIL A DONNER A LA JEUNE GENERATION ?
Créer des initiatives qui permettraient de nous rassembler, tous ensemble ; de ne pas rester chacun dans son coin. Si on pouvait militer un peu plus, défendre des valeurs dans lesquelles on croit...
1971 - Dany et son mari (assis) 
  1. UNE QUESTION A ME POSER ?
Je suis intriguée par votre goût des années 1960. Ce n'est pas courant.
Tout est parti de la musique. Je fus élevée au « biberon à cassettes » depuis mon enfance : cassettes en références à celles que ma mère mettait dans sa XS Citroën. Mais, ce fut en premier lieu, une musique qui a bercé l'adolescence et les premières années de son mariage, soit les années 1970-1980. Des artistes (musique, cinéma, littérature) on eu une grande carrière durant les années 1970-1980-1990, mais ont commencé dans les années 1950 ou 1960. Par la suite, ma curiosité a prit le relais : la télévision m'a beaucoup influencée tout d'abord, les émissions de Jacques Martin, les reportages d'arte (encore aujourd'hui), puis les bouquins de type encyclopédiques, et enfin internet m'a ouvert des voies « d'apprentissage » plus grandes.  
Tout n'est qu'une question de curiosité qui a fini par se développer en passion.

Merci Dany :)

vendredi 27 septembre 2013

Questions de générations - Part III: Thérèse


PRENOM: Thérèse
Date de naissance: 1951
Lieu de naissance: Paris
Etudes: Lettres

18/09/2013, à Poitiers (médiathèque François Mitterrand)


1. QUEL ENFANT/ADO/JEUNE ADULTE ETIEZ-VOUS ?
Très rebelle. J'étais très rebelle. Je ne supportais pas beaucoup la vie en famille. Je trouvais la vie à la maison très restreinte, très limitée. Je ne supportais pas beaucoup l'autorité des parents. J'étais en opposition avec mes parents. Je suis d'une famille d'immigrés italiens, de la 3e génération ; je trouvais que l'ambiance à la maison n'était pas intéressante.
J'étais la première de la famille à faire des études. Et pour moi, l'école élémentaire, le collège, le lycée, puis l'université c'était vraiment une évasion, une ouverture.
 
2. QUEL(S) PROJET(S) AVIEZ-VOUS EN TETE ?
Je voulais avoir, en tant qu'enfant immigré, une belle situation, sortir de l'ambiance familiale. Et avoir une belle situation, c'était entrer à l’Éducation Nationale. C'était une profession extraordinaire. Ma sœur et moi, nous avons été les premières à faire des études longues. Et dans la famille on était « remarquable », au sens propre.
Jacqueline Taïeb - La fac de Lettres (1967) - avec apparition du jeune Michel Fugain (avant le Bazar)


3. QUESTION SENTIMENTALE :
J'avais des béguins de temps en temps mais pour tout dire j'étais une adolescente complexée. Et à l'époque, il n'y avait pas de mode vestimentaire spécifique pour les jeunes filles rondes de mon âge. On était habillé en « dame ». C'est seulement depuis l'âge de la maturité que je m'accepte comme je suis. J'avais l'impression que je n'allais pas plaire, et ce sentiment, je l'ai trimbalé pendant quelques années. Et donc, je reportais toute mon intention sur les études. Dès l'école élémentaire, j'étais dans les têtes de classe.
Je m'isolais, dû à mon surpoids qui était mon plus gros complexe. Et cet isolement, le fait de focaliser toute mon attention sur mes études, j'en tirais ma force. C'était une façon pour moi d'avoir du poids, intellectuellement parlant.
J'avais peur du regard des garçons, parce que pendant des années, dans les classes de j'ai fréquentées, j'étais parmi les plus rondes : mes professeurs de sport me disaient que ce n'était pas la peine de me faire monter à la corde puisque de toute façon je n'y arriverai pas. 
Pour ce qui est de la pilule, je l'ai prise très tard. Dans les familles italienne, à l'époque, le sexe et l'amour n'existaient pas ; on n'en parlait pas. Nous, les jeunes gens, on aurait aimé en parler mais comme le silence autour de nous était complet, on n'osait pas. Donc, on se renseignait par les copines, par les livres ; mais en famille, surtout la mienne, il n'en était jamais question.
4. QUEL REGARD PORTIEZ-VOUS SUR VOS AIEUX ?
Je les admire beaucoup. Je trouve très courageux ce qu'ils ont fait. Ils sont arrivés en France à une époque où il y avait une forme de racisme envers les Italiens, tout comme envers les Algériens. Pour ces gens, il y avait du travail, il n'y avait pas de chômage, ils avaient la possibilité de se faire une belle situation en travaillant beaucoup, en faisant des sacrifices. Ainsi, ils se sont intégrés très rapidement. Et ils avaient bien compris qu'il fallait s'intégrer pour faire quelque chose. Mon oncle, qui a 92 ans aujourd'hui, travaillait en usine dès l'âge de 16 ans. Il adorait l'art lyrique, il a réussi à faire comprendre à mon grand-père qu'il avait besoin d'un professeur de chant, qu'il payait avec l'argent de son salaire gagné à l'usine, et il a réussi à intégrer le Conservatoire National de Paris. Il en est sorti avec deux Premiers Prix et a fait, par la suite, une carrière de chanteur d'Opéra. Plus tard, il est devenu professeur de chant et il continue toujours aujourd'hui, à Paris.
5. VOTRE PIRE/MEILLEUR SOUVENIR
Le pire souvenir c'était les tensions en famille entre mon grand-père et mon oncle, ainsi que la mésentente entre mes parents. Cela me faisait énormément mal. Je faisais tout pour fuir, non physiquement, mais en m'enfermant dans ma chambre et là je partais dans mes songes.
Mon meilleur souvenir sera celui de la naissance de ma sœur en 1962, qui est la personne que j'aime le plus.

6. AVIEZ-VOUS DE L'ARGENT DE POCHE ?
Non. Par contre, dès que j'avais besoin de quelque chose, je demandais à ma mère et elle me donnait ce dont j'avais besoin. Mes parents étant commerçants, ils m'autorisaient à prendre de l'argent dans la caisse, le matin avant de partir pour l'école. Et le soir, je disais à ma mère qu'elle somme je lui avais prise. C'est à dire que je pouvais demander tout ce dont j'avais besoin mais je n'avais pas une somme précise à dépenser dans la semaine : par exemple, ma mère m'acheté le Journal de Lisette. J'étais la plus heureuse du monde. Elle m'envoyait également en voyage avec de l'argent, très jeune.
couverture du Journal de Lisette (1968)
7. AVIEZ-VOUS DES LOISIRS ?
Très peu. Je ne faisais pas de sport parce que ce n'était pas tellement à la mode d'en faire. Par contre, ma mère avait décidé, lorsqu'elle en avait les moyens, de nous envoyer tous aux sports d'hiver en fin d'année. Alors on partait une semaine, tous les ans, faire du ski. C'était la lubie de ma mère qui vantait les bienfaits du ski...
Lorsque j'étais en hypokhâgne (XIIIe arrondissement), en 1970, j'avais un copain cinéphile (Pascal Bonitzer). Aujourd'hui, d'ailleurs, il est réalisateur de films, il vit de sa passion. Et donc, je me rappelle qu'il nous amenait au cinéma, toute notre bande de copains, voir des films de Godard. On en faisait même des scandales dans certains cinémas : lorsque nous sommes partis, un après-midi, voir Week-end de Jean-Luc Godard, il y avait des personnes âgés dans la salle. Tandis que nous nous amusions des scènes, un homme s'est levé et a commencé à nous dire : « vous trouvez ça drôle ? Bande de jeunes vous n'y connaissez rien... » La dispute a failli en venir aux mains et le propriétaire du cinéma a appelé la police. On se prenait pour le sel de la terre et on avait la sensation que l'on était entouré de vieux cons.
Bande annonce de Week-end de Jean-Luc Godard (1967)

8. AVEZ-VOUS GARDE DES EFFETS PERSONNELS DE CES ANNEES ?
S'IL NE FALLAIT EN GARDER QU'UN, LEQUEL ?
Puisque j'ai déménagé il y a deux ans, de Paris pour venir m'installer à Poitiers, j'ai retrouvé des livres de distribution des prix, une poupée, des petits bijoux et des vêtements : j'ai encore un tee-shirt que je portais beaucoup lorsque j'étais en hypokhâgne, et que je porte encore aujourd'hui, que j'aime beaucoup.

9. UNE HISTOIRE INSOLITE ?
Mes camarades l'attendait, moi non parce que j'étais enfermé dans une sphère : c'était Mai 68. Je n'ai pas compris ce qui me tombait dessus. C'était la révolution dans le lycée (Claude Monet) du jour au lendemain. On s'est arrêté de travailler, tout le monde fumait, les filles se maquillaient, tout le monde s'est mis à porter des pantalons (interdit aux filles sauf en cas de très grand froid), et on se réunissait sans arrêt. Les professeurs ne comprenaient pas non plus au début, puis ils n'ont fait que d'aller de réunions en réunions pour écouter les jeunes. Et moi, n'étant pas du tout politisé, étant dans le registre « je suis la meilleure de la classe », je ne m'intéressais pas du tout à ce qui se passait autour de moi. Je me souviens que j'étais en pleine lecture de Marcel Proust quand tout a éclaté. Et alors, le truc fou, comme j'avais une bonne réputation et une bonne élocution, j'arrivais à m'exprimer correctement. De ce fait, on m'a élu présidente de réunion (rire). Dans les CAL (Comités d'Actions Lycéennes), créent en Mai 68 pour que les jeunes puissent parler de leurs revendications, je dirigeais : « Bon toi Marlène, t'as la parole – tais-toi, c'est Marlène qui parle - alors oui, moi je pense que... Ouais, on va les foutre en l'air... »
Il fallait ensuite mettre tout en forme, par écrit, pour le présenter aux professeurs, principalement des femmes, puisqu'il s'agissait d'un lycée de filles. C'était des femmes autoritaires, ayant fait de grandes écoles, à qui il ne fallait pas tenir tête. Un jour, je suis allé présenter une feuille de revendications à une professeure d'histoire-géographie, de forte personnalité, que nous redoutions toutes. Je me vois entrer dans la salle de classe, silence de mort, et elle me dit : « Voyons, qu'est-ce qui vous amène Thérèse ?! » Et je me souviens avoir lu, d'une voix tremblante, que nous ne voulions pas faire un contrôle (rire).
Claude Nougaro - Paris Mai (1968)
J'étais à côté de la plaque. Alors ensuite, je trouvais cela très drôle et très intéressant, j'ai suivi le mouvement avec toutes mes copines. Je traversais toute la banlieue pour aller au lycée à Paris, ce qui me prenait deux heures de marche, parce que le métro ne fonctionnait pas. Et je me suis retrouvé à faire des sittings, des manifestations dans Paris, sans vraiment comprendre pourquoi. Et je me vois encore assise, avec mes copines, dans la cour de récréation du lycée, et le professeur venant : « mes demoiselles, je vous demande de réintégrer vos salles de classe – Ah non madame, il n'en est pas question ! »
C'était une petite révolution policée, c'est-à-dire qu'on était encore très respectueux envers nos professeurs. Mais c'était un grand moment : on ne pouvait plus retirer d'argent dans les banques, il n'y avait plus de nourriture dans les magasins. Pour l'anecdote, mon père, qui était commerçant, allait se ravitailler en fruits et légumes aux Halles de Paris. Une nuit, il est revenu en nous disant qu'il n'avait pas pu avancer : pour cause, dans la rue qui allait au Châtelet, on dépavé les routes. Il n'a pas pu travailler pendant une semaine, parce que l'on manquait d'essence. Il n'y avait plus rien. Quand la « révolution » a commencé à s'éterniser en Mai, des camions militaire furent mis à notre disposition : je ne portais pas de pantalon et je me souviens qu'il fallait escalader les camions. J'avais toujours peur que ma jupe se soulève (rire).
Et alors, scandale au lycée Claude Monet (XIIIe arrondissement) quand on a appris que des garçons sont venus et que le proviseur ne voulait pas laisser entrer. C'était ça les Révolutionnaires ! (rire)

10. UN OU PLUSIEURS FAIT(S) MARQUANT A GARDER SELON VOUS ?
1958 : Grosse crise. Le Général de Gaulle est appelé au gouvernement. Je me vois à 7 ans, en petite blouse, aller à l'école. Et mon institutrice nous dit : « aujourd'hui, c'est une journée très importante. On a peur d'un coup d’État en France, et il serait question de parachutistes qui tomberaient sur Paris. » Je sentais déjà, à mon âge, que quelque chose allait se passer.
1962 : Assassinat de Kennedy. Je suis rentrée manger à la maison, et ma grand-mère m'a dit, avec son accent italien : « Ma tou sais, le président Kennedy, il a été assassiné. » Et on pleurait.
Mai 68 évidemment. Et puis, il faut dire que le Général de Gaulle était « mon type d'homme », on en parlait sans arrêt entre nous. Je suis d'ailleurs resté gaulliste pendant très longtemps. Jusqu'à ces dernières années où l'on a commencé à montrer comment il avait été un manipulateur, notamment durant la guerre d'Algérie.

11. ETIEZ-VOUS IMPLIQUE AUX QUESTIONS SOCIALES DE L'EPOQUE ?
Non. J'ai pris le train en marche malgré moi, puisque l'on m'a propulsé chef de l'assemblée et hypocritement, j'ai encore trouvé un moyen de me mettre en valeur intellectuellement.

 
12. QU'EST-CE QUI ETAIT NOVATEUR A L'EPOQUE ?
Tout ce que Mai 68 a apporté : la libération de la parole, les revendications, l'autorité mise en cause, on commençait à parler de sexe...

 
13. AVIEZ-VOUS SUIVI LES MODES OU ETIEZ-VOUS INDEPENDANT ?
Je suis resté très classique : je me faisais habiller chez Cacharel, ce qui coûtait très cher à ma mère. Cacharel faisait des petites robes, très féminines, très jolies en coton imprimé liberty, avec des cols en dentelle, des chemisiers en dentelles... Ma mère voulait que, ma sœur et moi, soyons habillées ainsi pour accéder au « haut du pavé ». On faisait tout pour devenir des « bourgeois ».
 live2times.com
Février 1962: Cacharel réinvente le chemisier pour femme.
Fondée en 1959, la maison de mode Cacharel, d'abord consacrée aux chemises pour hommes, se lance dans la confection de vêtements pour femmes. Son nom, Cacharel le doit à un oiseau de Camargue. Son fondateur et styliste, Jean Bousquet, est un jeune nîmois, installé à Paris depuis peu. Parmi les nouveautés avant-gardistes de Cacharel, la chemise pour femme, identique aux modèles masculins mais garnie de fleurs, semble promise à un bel avenir... 

14. AVIEZ-VOUS LA TELEVISION ?
SI OUI, QUE REGARDIEZ-VOUS ?
SI NON, COMMENT COMPENSIEZ-VOUS ?
On a eu la télévision rapidement et l'on regardait beaucoup de feuilletons : Les beaux yeux d'Agatha, Thierry la Fronde, Au nom de la loi (j'étais amoureuse de Steve McQueen), Bonanza.
Bonanza (1959-1973)
Et puis à l'époque aussi, il y avait de très belles émissions, comme 5 Colonnes à la Une.
C'était un moment de détente appréciable après le repas.
Extrait d'un numéro de décembre 1961 de 5 Colonnes à la Une sur le quotidien des chauffeurs-livreurs de Paris
15. QUEL CHANSON VOUS VIENT EN TETE A L'EVOCATION DE CES ANNEES-LA ? POURQUOI ?
Les Beatles (j'étais amoureuse des quatre), Frank Alamo, Claude François, Richard Anthony... Enfin, tout les Yéyés. Et dès que l'on revenait de l'école, à 17h, on écoutait Salut les Copains !
Il y avait Sheila, que j'adorais, et dont je décorais ma chambre de ses photos.
Sheila - Quand une fille aime un garçon (1968 - Dim Dam Dom variété)
Mais je m'intéressais aussi aux chansons dites des « croulants » : Léo Ferré, Jacques Brel, Gilbert Becaud...
Tout ces vinyles sont passés aux mains de mes neveux. Seuls les vinyles de musique classique sont encore en ma possession.
 
16. A CONSEILLER
LIVRE : Je me « tapais » toute la littérature parce que je voulais devenir professeur de français. J'adorais Marcel Proust.
FILM : La Nouvelle Vague et le cinéma italien de Fellini et Visconti (la Cinecitta). Avec 5 Francs (0,76 euros), j'allais voir les films de Godard au Quartier Latin par exemple.

17. AVANTAGE(S)/INCONVENIENT(S) :
AVANTAGE : Je vivais dans un milieu strict, un peu fermé sur pas mal de choses, mais je pouvais demander de l'argent pour acheter des bouquins par exemple, ou pour aller au cinéma. Je n'avais aucun problème matériel.
INCONVENIENT : J'ai traîné pendant des années un mal être concernant mon aspect physique, qui ne me semble plus être un problème si extraordinaire aujourd'hui quand je regarde des photos de moi adolescente : j'avais de jolis traits, j'étais mignonne. Mais, selon moi, on ne t'exclut pas parce que tu as des kilos en trop : ce qui était le cas à l'époque. Aujourd'hui, les jeunes filles s'habillent comme elles le veulent, mais dans les années 1960, c'était inconcevable pour une jeune fille ronde. J'ai longtemps eu ce complexe, pensant que personne ne s'intéresserait à moi. Il y avait aussi le fait que je venais d'une famille d'immigrés qui avait en tête de s'en sortir, de se mettre au même rang que les autres, voire au dessus de tout le monde. C'était une revanche à prendre.

 
18. AVEC LE RECUL, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR CES ANNEES ?
Je suis heureuse d'avoir vécu cette époque-là. Maintenant, toute cette dose de complexe que je me suis porté sur le dos pendant des années, je fais en sorte de ne pas la regretter. Dans la vie, il faut évacuer le négatif.

 
19. UN CONSEIL A DONNER A LA NOUVELLE GENERATION ?
Des conseils, je ne sais pas vraiment en donner.
Ayant deux neveux, auxquels je suis très attachée... je me fais beaucoup de soucis pour eux, pour l'avenir de la jeune génération. Vont-il terminer leurs études ? Vont-ils avoir du travail ? Je trouve que c'est très difficile de faire des études aujourd'hui : matériellement déjà, c'est cher. Et souvent, j'ai beaucoup de peine. Me concernant, quand j'ai passé le CAPES de français, et ensuite l’agreg, il y avait 200 postes à pourvoir. On savait que si on travaillait sérieusement, on aurait du boulot.
Mais en même temps, je suis dans la situation du « vieux chnoque » : j'ai derrière moi des principes d'éducation. Je ne supporte pas les dérives de l'éducation d'aujourd'hui.
De nos jours, les jeunes sont beaucoup plus solidaires : par exemple, un de mes neveux a fondé une petite communauté à Rennes, avec d'autres personnes de son âge, où ils s'entraident. A l'époque, on reniait les grandes idées, mais on n'était pas très solidaire parce que dans le fond on était des petits bourges, on rentrait chez nous, on avait ce qu'il fallait. Les étudiants sont mal menés dans ce pays aujourd'hui.
Je crois qu'il faut faire confiance aux aînés, apprendre à faire les choses par soi-même et faire ce dont on a envie.

 
20. UNE QUESTION A ME POSER ?
-> Que comptes-tu faire avec l'Histoire de l'Art ?
J'aimerais, soit devenir Spécialiste des années 1960, en matière d'art forcément puisqu'il s'agit de mon sujet d'étude depuis bientôt 3 ans ; soit travailler au montages d'expositions au sein de musées, être au plus proche des artistes, comprendre leur manière de procéder. C'est un métier que d'être artiste, mais ça m'intrigue.

Je remercie Thérèse de s'être prise au jeu et je voudrais m'excuser auprès d'elle pour toutes les larmes qu'elles a pu verser durant ce témoignage :)
Je respecte son choix, ainsi que celui de sa sœur, de ne pas publier de photos personnelles.

LN

mardi 27 août 2013

Instant vinyl - France Gall 45 T Dady Da Da (1968)

Aujourd'hui, je débute une nouvelle série d'articles où la découverte musicale sera le maître mot. Faire écouter, inlassablement, les titres les plus connus de la décennie 1960, n'a rien d'inintéressant mais n'a plus aucun goût en bouche (si vous voyez ce que je veux dire).

Sans transition, pour commencer cette nouvelle série, je souhaite vous faire découvrir un 45 Tours de l'interprète des Sucettes, datant de 1968.

Pour l'anecdote, lorsque j'ai reçu ce vinyle, ma mère se trouvait près de moi. Elle n'a pas reconnu la voix de France Gall, d'une part parce qu'elle ne connaissait pas les titres des chansons et d'autre part car elle trouvait la voix beaucoup trop aigüe. Tellement d'ailleurs, qu'elle pensait que j'avais fait une fausse manipulation avec le tourne-disque. C'est dire que les chansons de Michel Berger ont fait en sorte de "maîtriser sa voix". Dans les années 1960, il faut savoir que France Gall chantait énormément dans les aigües.

FACE A
France Gall - Dady Da Da (1968)
Ce titre a servi de générique pour le magazine DIM DAM DOM, qu'il soit de société ou de variété. J'avoue avoir un faible pour ce magazine que je trouve extrêmement bien fait pour l'époque.
Je vous poste, en plus, le générique de début et de fin de DIM DAM DOM variété que j'adore. Je ne peux malheureusement poster le générique chantait pas France Gall, elle-même, dans DIM DAM DOM, je ne sais pour quelle raison, puisque Blogger ne me le propose pas... Mais allez le voir sur Youtube:


France Gall - Allô, monsieur là-haut (1968)
Ce titre "mystique" n'est sans doute pas l'un des plus réussi de France Gall mais il vaut le coup d'être écouter, au moins une fois :) pourquoi "mystique" ? le "monsieur là-haut" fait référence à Dieu le père.

FACE B
France Gall - Le temps du tempo (1968)
Dans les années 1960, France Gall a énormément chanté des chansons jazz écrites par son père, Robert Gall. Vous pouvez d'ailleurs y entendre a quelle point elle peut monter sa voix. Et sans être fausse...
Pour information, France Gall n'a jamais prit de cours de chant !

France Gall - La vieille fille (1968)
Enfin un extrait de DIM DAM DOM variété que je peux poster. Présentée de manière plus drôle par une des danseuses de René Goliard, le chorégraphe de l'émission, France Gall est extrêmement bien mise en valeur, ainsi que ça chanson. Il en est ainsi pour toutes les vedettes qui y passent. DIM DAM DOM présente de manière simple mais moderne pour l'époque les chanteurs et chanteuses français et internationaux (Jimmy Hendrix and The Expérience, The Great Banana Hoax, Donovan, Sandie Show...).